Après une matinée de shopping pour l’anniversaire de Madame, ils déjeunent dans un grand restaurant parisien. Un endroit feutré et quasi silencieux malgré la salle pleine de monde. Un maître d’hôtel à gants blancs les conduit à leur table. Une fois assise, telle une petite fille heureuse, elle admire sa nouvelle paire de stilettos : un modèle très haut et très fin qui lui fait des jambes de rêve.
– Elles sont superbes ! Merci mon chéri.
« Pareilles chaussures ne sauraient être portées que par une vraie salope, lui avait glissé son mari, alors qu’elle les admirait dans la vitrine. Sinon, elles paraissent fades ou vulgaires. »
Elle avait souri et était entrée dans la boutique dont l’intérieur ressemblait à un écrin à bijoux.
– Ravi qu’elles te plaisent. Un moment, je me suis demandé si tu les avais vraiment remarquées.
Elle feint la surprise :
– Pourquoi ? N’étions nous pas venus m’acheter des chaussures ?
Le serveur pose deux coupes de champagne sur la table.
– C’était l’idée… Même si j’ai cru que nous allions repartir avec la vendeuse.
Ses yeux pétillent :
– Elle était jolie… Toute en courbes…, dit-elle en humectant ses lèvres.
Elle était très jolie, en effet : blonde aux cheveux très longs, pulpeuse et sensuelle à souhait. Quand elle les avait accueillis, son sourire avait illuminé la pièce. Elle les avait invités à s’assoir sur des fauteuils bas en velours rouge. Ils étaient entourés de miroirs.
– Tu lui aurais bien bouffé la chatte, n’est-ce pas, Chérie ?
Elle pouffe de rire, manquant de faire chavirer la coupe entre ses doigts :
– Tu me poses la question à chaque jolie femme que nous croisons.
– Et ?
– Vue sa posture, c’était plutôt à moi d’écarter les cuisses, non ?
Elle avait essayé différents modèles. Chaque fois, il lui avait semblé que la vendeuse se penchait un peu trop, mettant en avant un décolleté avantageux ou qu’elle passait un peu plus de temps que nécessaire à effleurer sa cheville. Voir cette femme presque à quatre pattes devant elle l’avait survoltée.
Leurs doigts se croisent sur la table.
– Mais tu n’es pas bisexuelle…
– Grand Dieu, non !!! J’aime qu’une jolie femme me broute le minou, c’est tout.
Elle avait parlé assez fort pour que les autres convives l’entendent. Ravi, il note un frémissement outré et quelques gloussements étouffés.
– Derrière toi. Elle a bien failli lâcher sa fourchette.
– Jolie ?, demande-t-elle en buvant son champagne.
– Elle pourrait bien te rendre bi…
– Hum… Comme la vendeuse ? J’ai bien vu que je n’étais pas la seule à qui elle faisait du gringue…
– Ah bon ?
Son air choqué ne la désarme pas, au contraire. Le plus sérieusement du monde, elle précise :
– Je l’ai bien vue dans les miroirs…
– Quoi donc ?
– Sa main sur ton cul, mon amour…
– Ce n’était pas la tienne ?
– J’essayais des stilettos.
– Ils étaient très beaux. Mais pas autant que les siens.
– Oui ! Magnifiques ! J’ai failli lui demander de les enlever. Je suis sûre qu’ils étaient à ma taille !
Il aime voir ses joues rosir et son joli visage s’animer : Les talons, cette passion féminine.
– Tu aurais dû…
Elle aime le sentir troublé.
– Tu n’aurais pas su te tenir. Ça aurait fini avec son orteil dans ta bouche…
– Et sa langue entre tes cuisses.
Son sexe se liquéfie, tandis qu’elle imagine la scène. Le regard de la vendeuse invitait pourtant à toutes les audaces. Elle avait même cru qu’elle allait fermer la boutique pour une heure. Si seulement elle avait osé caresser ses mollets et remonter le long de ses cuisses…
– J‘aurais aimé vous prendre l’une après l’autre, uniquement parées de ces talons vertigineux.
Émue par l’image, elle joue avec sa coupe de champagne.
– Elle aussi, j’en suis sûre. Il faudra retourner dans cette boutique. Et pas uniquement pour les stilettos.
Il hoche la tête. Elle sait qu’il bande.
Tout à coup, son regard se perd derrière elle. Elle l’interroge en silence.
– Tu as une fan, c’est certain.
Une jeune femme passe devant leur table les yeux baissés. Grande, brune, vêtue d’un tailleur de marque et de chaussures de prix, elle rejoint une petite porte dérobée au fond du restaurant. Il sourit en voyant sa femme finir sa coupe d’un trait.
– Une envie pressante ?
– Rejoins-nous dans cinq minutes.
Il ne saura jamais comment elle s’y est prise. Lorsqu’il passe la porte, il trouve la jeune femme à genoux devant son épouse, la langue entre ses cuisses.
– Ma nouvelle amie m’a dit qu’elle adorait mes chaussures, murmure-t-elle.
– Elle devrait nous accompagner à la boutique. Je suis sûr que la vendeuse lui plaira aussi.
Cet été, j’ai publié de petites histoires sur Instagram. Des illustrateurs ont accepté d’illustrer mes mots.
Un grand merci à Howard Hazykush pour ce dessin.
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