Maud a un souvenir très précis de la première fois où ses doigts l’ont fait jouir.
C’était quelques mois après une autre découverte : elle venait de faire l’amour avec une femme pour la première fois. Son amante l’avait caressée comme elle se caressait, glissant naturellement sa main entre ses cuisses et trouvant son clitoris sans avoir de soin de le chercher. Maud avait été foudroyée. A dix neuf ans à peine, elle ne connaissait rien de tout cela : ni les effleurements qui chatouillent, ni le plaisir qui prend vie, ni la pression des doigts qui le module ou parfois l’interrompt… elle ne savait surtout rien de l’orgasme qui traverse comme un arc électrique, à en trembler de la tête aux pieds. Aujourd’hui encore, elle se souvient de la surprise et de ce cri, qu’elle n’a ni maîtrisé ni retenu. Elle est ressortie de cette expérience transformée par ce dépucelage en douceur. Longtemps, Maud a même cru préférer les filles, à cause de ce plaisir intense et immédiat qu’aucun homme n’avait su lui procurer.
Elle a bien sûr essayé de le reproduire seule, mais elle n’arrivait à rien. Comment cette femme avait-elle fait ? Plus le temps passait, plus les images tournaient dans sa tête, brouillées comme parasitées. Aucun fil conducteur ne les organisait plus. Seul restait le souvenir frustrant d’un plaisir non reproductible.
Le premier déclic eut lieu bien des semaines plus tard : un après-midi d’été, elle reçoit l’appel d’un ex qui lui propose de « prendre un café ». Hum. Dans la chaleur moite de la fin juillet, il n’y a rien à faire. Maud, alors stagiaire dans un cabinet d’architecte, s’ennuie ferme. Sans trop y réfléchir, Maud le rejoint dans sa voiture. Il ne s’embarrasse pas de préliminaires : Dès la portière refermée, il se jette sur sa bouche. Très vite, elle comprend qu’il veut la sauter, mais aller chez lui, car il est, évidemment, marié. Dommage pour lui, aucun de ses « rendez-vous professionnels » n’offre de place de stationnement assez en retrait pour les cacher d’éventuels voyeurs.
Il décide finalement de se garer au fond d’un parking en plein air.
Commence alors une séance de pelotage en règle, durant laquelle, désolé, il ne peut pas s’occuper du plaisir de Maud : le pauvre chéri a déjà une main sur ses seins, l’autre sur sa queue. Les yeux clos, elle tente alors de reproduire les caresses qui l’ont fait décoller des mois auparavant. Elle n’a que peu d’espoir d’y parvenir: à l’étroit dans l’habitacle, en sueur, avec le risque d’être découverte à tout instant… Rien de tout ça ne lui semble propice au plaisir.
« Branle toi, salope »
Cherche-t-il à l’encourager ou bien est-ce lui qu’il stimule en reproduisant la scène d’un mauvais porno ?
En d’autres circonstances, il l’aurait fait rire. Pourtant, sans que Maud comprenne vraiment comment, la magie opère. Ses doigts trouvent son clitoris. Elle a une histoire en tête : elle est une nympho qui écarte les cuisses à tout va. Pas très recherché, mais ça marche. Est-ce la honte ? L’urgence, la peur d’être découverte ? Le plaisir de faire bander cet homme ? La chaleur envahit son ventre et quelques murmures salaces plus tard, Maud jouit dans la voiture.
Malgré ce succès inattendu, la jeune femme n’avait toujours pas trouvé le mode d’emploi de ses futures plaisirs solitaires. Le soir même, elle réitérait l’exercice, sans résultat. Elle se fit même mal à force de tentatives ratées. Cependant, elle avait compris quelque chose : les sensations seules ne suffisaient pas. Il lui fallait un scénario, un fil conducteur. Hélas, celui de la voiture ne prenait plus. Elle en aurait pleuré de dépit.
Elle finit par se dire qu’un support pourrait l’aider. Mais à l’époque, car cette histoire se déroule il y longtemps, le porno n’était pas encore à portée de clics. Maud vivait chez ses parents, où les VHS X n’auraient été consultables que dans le salon… Ce qu’elle ne pouvait envisager. La solution lui apparut au rayon librairie d’un supermarché, où elle tomba par hasard sur une série de romans sous plastique : Les Confessions érotiques. Les titres ne faisaient pas mystère du contenu : « je suis devenue la mascotte d’une équipe de foot. » « j’étais une stagiaire très chaude » ou encore « La bourgeoise soumise à sa bonne ». Que de nouveaux scénario à découvrir ! Elle en frétillait d’impatience. Tête basse et rouge aux joues, Maud passa en caisse en retournant le livre pour cacher la couverture à une hôtesse blasée. Elle venait d’acheter son premier livre pour adultes : « ils ont fait de moi leur soubrette perverse ».
Elle ne le savait pas encore, mais elle était sur le point de devenir une branleuse.
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