Chaque matin ou presque, je lis les mails très explicites, que tu m’écris avant d’aller dormir. Excitée, au milieu de tous ces gens préoccupés par leur journée à venir, j’imagine qu’un œil curieux te lit avec moi.
Je ne le vois pas, mais je sais que c’est un homme. Je sens son regard sur moi. Impression étrange au milieu d’une foule anonyme, de se savoir observée. Debout, les yeux rivés sur mon black-berry, enivrée par ton mail je me laisse aller à divaguer. Est-ce cet homme pressé, la quarantaine un peu trop gros ? Ce tout jeune homme, sans doute étudiant, qui regarde ailleurs ? Ce père de famille, dont les enfants courent au fond du bus ?
Soudain, je sens une main sur mes fesses. Hasard, faux mouvement ? Je reviens à la réalité et cherche, un peu anxieuse, qui autour de moi a pu se permettre ce geste. Personne ne croise mon regard. Deux stations passent. Les voyageurs s’entassent, se poussent, dans un ballet sans coordination. Mes vis-à-vis ont changé : j’adresse un sourire crispé à la jeune femme que je viens de bousculer. Elle feint de ne pas me voir.
Mi soulagée, mi dépitée, je tâche de me tenir d’une main tout en manipulant mon smartphone de l’autre. Malgré l’inconfort et le balancement saccadé du bus, il me faut à peine une seconde pour repartir dans ton texte. Alors que j’imagine ta bouche sur mes seins, la main revient, plus précise et plus indiscrète : elle se glisse sous mon manteau. Je suis comme tétanisée tandis qu’un dos d’âne me propulse dans des bras inconnus.
Je sens son souffle court dans mon cou et son membre dur contre mes fesses. Autour de nous, personne ne voit rien. Le bus avance lentement dans les embrouillages du matin, mais nous savons tous les deux que le terminus est proche. Sa main entame une course contre le temps et se glisse dans mon pantalon. Prise par le jeu, je libère le premier bouton, pour lui permettre d’atteindre ma fente. L’inconnu y glisse un doigt, rapide, furtif, sans ménagement ni égard. Juste l’envie de marquer sa victoire. Le bus s’arrête. Je serre toujours mon téléphone, mais me laisse aller contre lui, alors que les voyageurs descendent. On nous chahute pour atteindre la porte, il ne faudrait pas rater le train. Dans ma main libre, j’enserre la sienne. Un instant, nous ne sommes que deux dans ce bus. Je ne peux réprimer un sursaut, alors que la main se retire aussi vite qu’elle est venue. J’ouvre mes yeux, restés clos jusque la dernière seconde pour mieux profiter de cette situation insolite. Je suis la dernière à descendre du bus. Mon inconnu est déjà loin.
Autres publications
Une libertine à la plage
A l’heure du dîner, une population particulière prenait ses quartiers sur le versant naturiste de la plage. Alors...
Une soirée business comme une autre
Le ventre de Solène s’embrase : A travers la jeune femme, elle sent la peau nue qui frissonne, le picotement des...
Plaisirs d’Agen…
— J’ai envie de toi, dit-elle à Candice. Pas d’un verre. Mélina lui attrape la main. Elles sortent de la piscine et...