Quelle poisse ! Tomber en panne à cinquante kilomètres de LA soirée libertine de l’année ! Dire qu’elle a dû coucher pour obtenir une invitation ! Certes, elle aurait céder de toute façon, tant l’organisateur lui faisait envie. Mais ce n’est pas la question. Inutile de se forcer pour faire ressurgir dans son ventre les délicieuses sensations que lui avaient procuré les coups de reins de cet incroyable étalon. En d’autres circonstances, comme ce matin avant de partir travailler par exemple, elle aurait laissé ses doigts frotter son bouton jusqu’à la décharge salvatrice. Mais ce n’est vraiment pas le moment.
« Habillée », si on peut dire, d’un corset tellement serré qu’elle peut à peine respirer et d’un minuscule bout de tissu, qui ne devait d’être devenu une jupe qu’à la faveur d’un seul et unique bouton et chaussée d’une paire de talons si haut qu’elle avait dû les quitter pour conduire, Elise maudit pour la centième fois sa voiture. Elle est bloquée en pleine campagne. La technologie s’acharne : son portable n’indique aucun réseau disponible.
La mort dans l’âme, elle repère un chemin, sur lequel elle s’engage à pied pour aller demander de l’aide. Au bout d’un moment, elle avise panneau : « Camping des flots bleus – naturiste ». Allons bon ! Dans cette tenue, elle risque fort de détonner au camping !
Elle aperçoit enfin une maisonnette avec un autocollant « réception » sur la porte. Elle frappe, d’abord timidement, puis plus fort. « Vite un téléphone ! »
Un homme d’une soixantaine d’années vient enfin lui ouvrir. Il ne porte qu’un short et des tongs. Sa peau brunie par le soleil et ses cheveux grisonnants qui tombent en cascades sur ses épaules lui donnent l’air séduisant. Son sourire de bienvenue est aussi surpris que charmant… Et il ne semble pas insensible aux « charmes » de la jeune femme.
Bien que libertine et habillée pour, Elise est presque intimidée par le regard bleu profond du gérant du camping.
– Bonsoir, balbutie t elle. Ma voiture est en panne et je… Vous pourriez… Je pourrais appeler un garagiste ?
– Mademoiselle, à cette heure-ci les garagistes… Le garagiste devrais-je dire, c’est Raymond et il a fermé depuis longtemps !
Elise pousse un profond soupir. Ce n’est qu’une demi-surprise, mais elle avait cru aux miracles.
– Je vais quand même essayer de l’appeler. En attendant, vous devriez venir avec nous sur la place.
– Avec vous ?
– Oui ! Nous organisons une soirée spéciale « Années 80 ». Ca risque d’être long pour votre voiture, alors venez donc en profiter !
« Super… Je troque la soirée la plus chaude de l’année contre la nuit disco du camping ! »
Elise le remercie et jette un œil : un peu plus loin, les projecteurs et la boule à facette illuminent la buvette. En apercevant les corps qui se trémoussent sur Born to be alive elle soupire.
– Y a pas encore beaucoup d’ambiance, mais d’ici une petite heure… dit le gérant avec un grand sourire.
« Chouette… »
Elise est de plus en plus dépitée. Elle n’a plus qu’une envie : partir d’ici au plus vite.
– Raymond ne répond pas, dit le gérant, mettant fin à ses espoirs de fuites rapides. Vous savez où dormir ?
Elle n’y avait même pas songé. Dormir n’était pas dans ses projets ce week-end ! Caresser, palper, lécher, sucer, bref, s’amuser entre « adultes consentants » les voila ses projets !
– Non…
– Nous pouvons vous trouver une tente mais il faudra la monter. A moins bien sûr que vous ne trouviez un ami pendant la soirée !
Elise sursaute : A-t-elle bien vu le gérant lui adresser un clin d’œil avant de la mater de la tête aux pieds ?
– Je sais où habite le garagiste, je vais aller voir si je peux le convaincre de vous dépanner. En attendant… Amusez-vous bien ! lui lance t il en la poussant dehors.
Il lui fait un dernier signe de la main et s’éloigne. Du haut de ses talons, Elise avance difficilement sur la terre battue. A son approche, les têtes se tournent. Elle devient vite l’objet de tous les regards. Comme prévu, sa tenue ultra sexy et provocante n’est pas du tout dans le style du lieu. Gênée de se sentir ainsi observée, Elise s’assoit dans l’ombre, espérant se faire oublier.
Peine perdue.
La boule à facettes éclaire par intermittence sa poitrine pigeonnante, furieusement plus excitante que n’importe quel top moulant. Les « vous êtes charmantes », « vous dansez ? » fusent. Elise refuse poliment, mais sa moue hautaine commence à faire parler. Elle entend même distinctement « Pour qui elle se prend ? »
Elise soupire. Que fait-elle ici ? Elle envisage sérieusement de retourner s’enfermer dans sa voiture.
Tout à coup un « détail » incongru attire son attention : un homme entièrement nu traverse la piste de danse, sans aucune gêne. Personne ne semble le remarquer. Elle hésite à se frotter les yeux au risque de faire couler son rimmel. Non, elle ne rêve pas : le type est à poil, une planche de surf en polystyrène sous le bras. Il salue un couple sur le bord de la piste. Elle réalise brusquement ce que signifie la mention « naturiste » sur le portail du camping.
Elise en pleurerait presque : elle vit l’exact opposé de tous ses fantasmes concernant cette soirée : elle s’était imaginée buvant du champagne au son d’une musique raffinée et de quelques soupirs discrets, regardant des corps gracieux s’ébattre jusqu’à l’orgasme… On vient de lui mettre un gobelet de coca éventé entre les mains tandis que la foule en délire reprend en cœur « jolie poupée » de Bernard Menez.
– C’est un cauchemar…, murmure t elle affolée.
Son regard accroche alors celui d’un jeune homme sur la piste. Pantalon blanc, chemise à paillettes ouverte sur un torse imberbe, chaine en or… Rien de remarquable, il se fond dans la masse. Sans doute le fils d’une famille de vacanciers, car il ne doit pas avoir plus de 17-18 ans. Mais ses yeux ! Deux émeraudes qui l’agrippent et la transpercent de part en part. Un sourire conquérant qui semble avoir déjà maintes fois fait ses preuves sur la gente féminine… Elise est sous le charme. C’est simple, s’il lui demande, elle vient danser. Elle accepterait même de faire une chenille, rien que pour sentir ses mains la prendre par la taille. Des mains qu’elle imagine déjà attrapant ses seins, ou son cul… Elle ferme les yeux et des images l’assaillent : cuisses écartées, elle le laisse prendre possession de son sexe béant et humide…
– Ca ne va pas ma petite dame ? On dirait que vous avez du mal à respirer !
L’homme qui lui parle porte un bob sur la tête et un short sur les fesses. C’est tout. Et pour rien au monde, Elise ne voudrait qu’il retire l’un ou l’autre : le bob parce que le peu de cheveux qui lui reste sont collés à son front par la suer, le short parce que le ventre proéminent qui en déborde ne lui donne vraiment pas envie d’en voir davantage…
– Non, ça va, merci…
© Miss Kat
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[…] de l’apéro érotique, après la lecture de mon texte « Au camping », on m’a demandé : « Pourquoi tes personnages sont habillés en soirée alors que […]
Très amusant ! C’est un bon début, mais pour passer à l’érotisme, ce n’est pas gagné. Un trio avec le jeune homme et le surfeur peut être ?