« Depuis que j’ai découvert ces bouquets j’en suis fou », dit l’artiste à son modèle en désignant les tatouages sur le corps de son modèle.
Il la dévorait de baisers en la dessinant dans les moindres détails.
« Une fleur parmi les fleurs »
Un compliment tellement bateau qu’il ne lui avait valu qu’une moue qui signifiait : « Peut mieux faire. »
Alors, il avait voulu savoir : d’où venaient ces dessins, pourquoi des fleurs ?
Il avait dû faire preuve de patience et attendre une soirée d’été un peu arrosée pour qu’elle se livre enfin:
« Deux types d’amants ont compté dans ma vie : d’abord ceux que j’ai connus très jeune et qui ont fait battre mon coeur : à l’époque, j’ai eu envie de les graver sur ma peau. Mais je ne voulais pas d’un tableau de chasse ni de prénoms : quelle horreur ! Non, je ne voulais me souvenir que du bonheur que j’avais ressenti à leur côté. J’ai choisi une fleur par homme qui a compté et pour bien montrer qu’aucun n’est sorti du lot, je les ai rassemblées en une grappe qui court sur mon bras. Ils font partie de moi…
Il compta huit fleurs, dont une plus grosse que les autres. Il envisagea un premier amour, celui qui compte car il ouvre l’appétit de la vie. Les autres étaient plus petites mais leur présence clamait leur importance: Sa muse était belle et gourmande. Il se doutait qu’il le devait en partie à ces moments si réussis qu’elle avait voulu en garder la marque.
– Et les cinq fleurs qui ornent ta hanche ?, demanda l’artiste dont le regard s’embrasait car il imaginait déjà la réponse.
– Elles…, murmura le modèle en parcourant les motifs du bout des doigts, ce sont les hommes qui m’ont rendue folle de désir.
– Aucun n’a fait battre ton coeur ?
– Je ne serais pas avec toi si c’était le cas.
Il lui sembla que les mots avaient claqué un peu sèchement, comme les lanières d’un fouet dont elle se serait servi pour calmer un animal trop fougueux : chasse gardée.
Soucieux, il lui proposa encore du vin : venait-il, d’une question de trop, de briser la magie de l’instant ? Il brûlait de savoir pourquoi et comment ces hommes avaient hérité du privilège de se trouver là.
Elle savoura son verre en silence avant de reprendre, les yeux au loin :
– Il est des histoires qui vous fondent. La plus belle, dit-elle en pointant le dessin de la rose centrale, représente l’homme que j’ai le plus désiré dans ma vie. Durant les cinq ans qu’ont duré notre histoire, il m’a fait découvrir un monde de sensualité. J’ai appris tout ce que tu aimes, ajouta t elle en lui décochant un clin d’œil taquin : caresser une queue pour la faire bander, sucer jusqu’à sentir que l’autre va exploser, bouger juste ce qu’il faut pour faire durer le plaisir…
La garce ne le lâchait plus du regard. Elle prenait son pied à se raconter. Évidemment, les mots produisaient leur effet sur l’artiste : à mesure qu’il imaginait sa muse son sexe se tendait jusqu’à en devenir inconfortable, presque douloureux. Pourtant, il ne sut retenir l’agressivité qui lui montait aux lèvres :
– Pourquoi ne l’as tu pas épousé ?
Elle éclata d’un rire enfantin :
– Pourquoi ? Mais parce qu’il était déjà marié, pardi ! Encore que je suis sûre que ça ne l’aurait pas dérangé. Il avait surtout le double de mon âge et je tenais à ma liberté.
Ses yeux pétillaient de malice. Il s’en voulait de cette pointe de jalousie qui ne lui ressemblait guère. Il aimait trop les femmes, leurs âmes, leurs corps, pour envisager sérieusement d’en emprisonner une seule. Sa muse avait ce don exaspérant de le pousser au faux pas. Il admirait autant qu’il craignait l’esprit amazone et vagabond de celle qui l’avait choisi. Elle posa la main en haut de la cuisse de l’artiste, qui écarta les jambes sans s’en apercevoir :
– Il est l’homme des premières fois : je n’étais plus vierge quand je l’ai rencontré, mais je n’avais pas conscience du pouvoir que je pouvais exercer sur vous, messieurs, dit-elle en attrapant son sexe dur à pleine main à travers son pantalon.
L’artiste soupira. Elle desserra la ceinture et libéra le membre tendu, puis poursuivit son récit en le caressant d’un geste ferme et assuré.
– Faire jouir un homme, c’est tout un art, n’est-ce pas ?
Elle jouait avec le rythme, menaçant plusieurs fois de le laisser en plan: douce torture.
– Et les autres ?, parvint-Il tout de même à articuler alors qu’il tentait de contenir son plaisir.
– Les autres ?, demanda le modèle qui avait oublié jusqu’à l’existence de ses tatouages, tant elle était concentrée sur lui.
– Fleurs…, souffla-il sans la quitter des yeux.
Avait-elle rougi ? A la lueur des bougies, il n’aurait pu le jurer. Pourtant…
– Tu es bien curieux !
Sous ses doigts, il se sentait défaillir. Il dut se faire violence pour l’interrompre :
– Racontes-moi, supplia-t-il, la main posée sur son poignet.
Sans relâcher son étreinte autour de sa queue, elle parut hésiter.
– Je ne sais plus qui ils sont, confia-t-elle à voix basse.
– Je croyais…
– Oh, mais j’ai été folle de désir pour chacun d’eux.
Il la regarda sans comprendre. Un sourire flottait sur ses lèvres, tandis que le souvenir prenait forme dans son esprit. Elle resserra encore sa prise autour du sexe de son amant.
– Leurs queues. Elles m’ont rendue dingue. Toutes les cinq. Colles leurs doigts et leurs langues.
La main allait et venait tandis que la respiration de l’artiste recommença à s’accélérer.
– Ça faisait un moment que nous fantasmions sur des images de pluralité masculine, lui et moi. Je lui avais raconté que ça m’excitait, qu’il m’était arrivé plusieurs fois de me caresser devant ce genre de scène.
– Mais comment ?, demanda l’artiste complètement perdu tout à coup.
– Devant du porno !, rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel.
L’homme lâcha prise. Les yeux clos, il se laissait porter par le récit de sa muse.
– Je n’oublierai jamais ce soir-là, murmura-t-elle pour elle même. Je n’y ai pas repensé depuis des années, mais il me suffit de fermer les yeux pour y retourner.
Alors, elle raconta comment un soir, elle avait demander à son amant qui avait tellement plus d’expérience qu’elle, de lui organiser une partouze.
– Je ne voulais m’occuper de rien et être au centre de tout. Il connaissait mes goûts et mes fantasmes. Un vendredi soir, comme tu vois je m’en souviens encore, il m’a téléphoné pour me dire de me faire belle et de ne pas rentrer trop vite.
– Il avait les clés de chez toi ?
– Je les lui avais confiées. Pourquoi ?, demanda-t-elle avec une pointe d’agacement, tu les veux ?
– Pourquoi pas… Mais plus tard.
L’artiste se maudit de l’avoir interrompue. Elle le tenait, il allait jouir et… Elle avait tout arrêté. Mais quel con !
Heureusement, tout à ses souvenirs, elle recommença ses caresses, plus lentement cette fois-ci. La torture se fit plus douce et plus torride encore. Il ne put retenir un gémissement.
– Je me suis donc arrêtée dans un centre commercial pour acheter une robe fluide très courte et des talons honteusement hauts. Je me suis changée et maquillée dans les toilettes. Je ne portais rien sous ma robe, précisa-t-elle en se mordant la lèvre. J’ai adoré sentir le regard des passants dans la rue : les femmes me dévisageaient avec une moue de réprobation mais les hommes… J’ai tout lu dans leurs yeux : le désir, l’envie, le plus souvent, mais aussi la surprise, l’impatience et même parfois la frousse. J’en intimidais plus d’un.
Il comprenait ces hommes. Si on lui avait demandé, il aurait juré qu’il n’avait jamais rien vu de plus impressionnant que cette femme qui tenait sa queue entre ses doigts fins comme des brindilles. Son plaisir menaçait dangereusement de se reprendre au creux de la paume de sa muse, mais elle semblait s’en moquer.
– Mon ventre était bouillant quand j’ai baissé la poignée de ma porte d’entrée. Mes mains tremblaient un peu. Il m’a accueillie avec un baiser. Sa langue avait un goût d’alcool fort, du whisky, je crois. Ses mains courraient partout sur moi. En moins d’une seconde, il m’avait débarrassée de ma robe. Je sentais déjà mon corps s’amollir. Après un rapide baiser dans le cou et un sourire dont je ne saurais dire, encore aujourd’hui, s’il m’a rassurée ou inquiétée, mon amant m’a placé un bandeau sur les yeux. Il m’a prise par la main et m’a fait asseoir sur une chaise, sans doute au milieu de mon salon. Il a écarté mes jambes et m’a laissée ainsi plusieurs minutes.
Il la voyait : nue, sans doute offerte aux regards d’inconnus.
– Ils sont venus à moi progressivement : j’ai d’abord senti un doigt sur mes lèvres, puis deux mains se sont emparées de mes seins. Elles étaient aussi pressées que le doigt était agaçant : mille fois, j’ai voulu le prendre en bouche sans y parvenir. Et ces doigts qui me ponçaient si fort ! J’ai crié d’abord, mais très vite, je n’ai plus su si cela me faisait mal ou si au contraire, je voulais qu’ils continuent. Je n’ai pas su combien ils étaient. C’est à à peine si je percevais leur souffle avant qu’ils ne me touchent. Alors que je commençais juste à comprendre ce qui m’arrivait, ce n’est pas une ni deux mais pas moins de trois bouches qui se posèrent sur mon corps. Une vint boire directement entre les cuisses et s’amuser avec mon clitoris. Je devenais dingue. Mais le meilleur restait à venir: alors même qu’un premier orgasme m’inondait de délicieuses vagues de plaisir, on m’a tirée en avant. Lorsque mes fesses furent presque dans le vide, une première queue m’a pénétrée. Longuement. Avec une régularité entêtante. Ce fut brutal, puissant… Jouissif ! J’aurais tellement voulu pouvoir hurler ! Mais un second sexe bandé a rempli ma bouche.
L’artiste avait les yeux clos et le souffle court. Il s’imaginait à la place de chacun des protagonistes, palpant, malaxant, s’emparant de sa muse. Lui non plus ne savait plus où il était ni même si ce qu’il voyait était réel ou imaginaire. Il vibrait au rythme des mots, les vivant et jouant l’ensemble des rôles à lui tout seul. Son membre palpitait, gorgé de sève, impatient.
Elle était complètement ailleurs, partie dans un monde de fantasmes dont il ne saurait jamais vraiment si elle les avait vécus ou non. Il comprit qu’il ne connaîtrait pas plus qu’elle l’identité des hommes qui l’avait fait jouir cette nuit-là et l’en aima davantage. Il eut envie de tout lui faire vivre à nouveau et plus encore. Lui aussi voulait marquer sa peau à coup d’orgasmes brûlants, de désirs bruts et de plaisirs foudroyants.
Ce soir-là alors qu’il jouissait d’entendre le récit de sa maîtresse, l’artiste se fit une promesse : il deviendrait bientôt la plus belle fleur au creux de ses reins.
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