
“Ça te fera une histoire”, me dit-il, les yeux encore pleins des larmes du fou rire que nous venons de partager.
En venant me chercher au bureau, il m’avait proposé de découvrir un lieu libertin « atypique”, présenté sur les réseaux comme “un sex-shop, mais pas seulement”. Il ne connaît l’endroit que par les commentaires, mais il m’a assurée que la boutique n’avait rien à voir avec les love stores parisiens.
” C’est aussi un lieu de jeu. Je n’arrive pas à savoir si c’est excitant ou glauque… “.
À première vue, moi non plus.
L’enseigne en néon rouge, comme dans la chanson, porte un nom évocateur kitschissime. Quant à la porte, ce n’est qu’un lourd rideau de velours rouge délavé.
Dès que nous passons derrière, j’ai l’impression de changer d’époque :
Les murs sont couverts de DVD pornographiques. Il y en a partout, classés par catégorie : « matures », « débutantes »,« collants », « humiliées »… Les photos sur les jaquettes mettraient en PLS la moins féministe de mes copines. À l’abri des regards, j’aperçois même un bac pudiquement étiqueté «trash”. J’en frémis intérieurement.
Je décide de ne pas me laisser arrêter par les apparences et attrape un boîtier : J’ai peut-être sous les yeux des œuvres méconnues… Quand je repose le DVD, j’ai la conviction qu’il vaut mieux qu’elles le restent.
“Qui achète encore des DVD en 2022 ?
– Les habitués viennent peut-être chercher les conseils du patron ?, propose-t-il en me désignant l’homme derrière la caisse.
– À quel sujet ? Les nouveautés ?
Le “patron” porte des lunettes énormes qui glissent sur son nez luisant de sueur. Ses cheveux gris filasse encadrent un visage tombant, à la bouche trop fine. En voyant ses vêtements, je commence à me demander si nous n’avons pas franchi un portail temporel vers le début des années 90 : sous une veste en jeans, il porte un T shirt blanc trop grand à logo Waïkiki.
Seule, j’aurais déjà décampée. Il est à la fois effrayant et fascinant, au point que je ne parviens pas à le quitter des yeux. Le seul être du vingt et unième siècle au milieu de fossiles technologiques… Je réalise un peu tard qu’il a pris mon regard insistant pour de l’intérêt. Il est temps de battre en retraite. Je file vers le fond de la boutique, sans trop savoir ce que je vais y trouver.
Je pénètre dans une sorte d’alcôve remplie de sextoys low cost : des godes de toutes les couleurs et de toutes les tailles, surtout les plus extravagantes, des fouets et des cravaches en toc, des objets auxquels je suis bien incapable de donner un nom, tous sensés “procurer du plaisir”. Le plastique est omniprésent, sous toutes ses formes : rigide, souple, vibrant, fixe… Une brochure sur les dangers des phtalates me passe en tête. Même si je considère les love store comme des boutiques aseptisées et désincarnées, je me promets d’être plus indulgente la prochaine fois que j’en verrai un.
Un détail achève de me consterner : sur tous les produits, on trouve de petites étiquettes de prix orange. Je n’en avais plus vu depuis… L’époque où mes parents avaient un lecteur DVD.
Tout se tient finalement…
“On descend voir les cabines de projection au sous-sol ?
– Je ne veux pas rater ça !
Nous arrivons dans un dédale de couloirs sombre. Des portes tous les deux mètres laissent présager de la surface réduite des “cabines”.
Cependant, seuls dans un espace exigu, je me rappelle enfin pourquoi nous sommes là. Je me colle contre lui et l’embrasse à pleine bouche.
« Envie de jouer ?
– Oui…
Je ne prends même pas la peine de pousser une des portes avant de m’agenouiller pour ouvrir son pantalon. Mon attitude doit d’ailleurs lui plaire, car je ne peux imaginer que l’érection que je tiens dans ma main soit due à ce que nous avons vu à l’étage. Je m’amuse à le faire attendre. Ma main va et vient sur sa queue, le plus lentement possible. Au gré de mes envies, je gratifie parfois son gland d’un coup de langue. En réponse, je le sens frissonner et l’entend même grogner, jusqu’à ce qu’enfin, conquérant mais déjà vaincu, il pousse impérieusement ma tête vers son sexe. Je l’embouche, les yeux tournés vers le ciel, pour capter son regard. Au début de notre relation, ce coup d’œil ô combien salope, suffisait à le faire jouir.
“Vous voulez que je vous fasse visiter ?”
Je retiens un cri et fais un bond en arrière : le patron s’est matérialisé derrière nous.
Comment a-t-il fait ça ? Pourquoi maintenant ?
Nous nous rajustons rapidement. Je cherche des yeux les issues de secours pour m’enfuir en courant.
Le patron nous ouvre les cabines une à une. Dans ma tête, la sidération a pris le pas sur la surprise : chaque minuscule pièce est constituée d’un siège, d’un écran et d’une console munie de gros boutons blanc. J’ai du mal à croire que ce matériel hors d’âge fonctionne. L’ensemble m’évoque le tableau de bord d’un vaisseau spatial de série télé.
“Comme c’est la première fois que vous venez, je vais vous donner la plus belle.”
Oh, il nous amène sur la passerelle !
La cabine est identique aux autres, mais trois fois plus grande et ses murs sont couverts de miroirs.
“Nous, on aime bien regarder…”
Nous ?
Derrière le patron se tient un petit homme chevelu, qu’il nous présente comme son vendeur. Il a exactement le même style vestimentaire que son patron.
Un prérequis à l’embauche ?
Nous nous regardons. Il me laisse la main : je peux choisir de remonter et de partir vers des cieux moins “atypiques” ou décider de donner une tournure lubrique à notre fin d’après-midi. Ils n’ont pas l’air méchants. Et j’ai très envie de finir ce que j’ai commencé… Sans préambule, je m’agenouille et lance aux deux hommes :
“Régalez-vous Messieurs. J’espère que vous apprécierez le spectacle.”
Le message est clair : on regarde, on ne touche pas.
Cette fois, ma pipe se veut énergique et goulue. Il n’est plus question de faire durer le plaisir mais bien de faire bander à nouveau le membre ramolli… Je ne fais plus dans la finesse, mais dans l’efficacité. Nos deux mateurs ont sorti leurs queues. Pendant que je le suce, il m’exhibe : il leur montre mon cul, m’ordonne de me cambrer, écarte mon string… Les commentaires fusent tandis que les deux hommes se branlent frénétiquement :
“Quelle belle moule !”
Même son vocabulaire est vintage !
“Elle est magnifique.”
Ma moule ?
“Depuis qu’elle est rentrée, elle m’a excitée fort, avec sa robe ! “
Le pauvre garçon ne m’a jamais vue habillée pour sortir en club…
J’ai du mal à garder mon sérieux. Heureusement, la queue grossit très vite dans ma bouche. Il se retire et m’ordonne :
“Dis de quoi tu as envie.
– De me faire prendre.
– En position, salope.
Le fauteuil de Capitaine de l’Entreprise me tend les bras : relevant simplement ma robe, je m’installe à genoux sur le faux cuir qui colle, les mains contre le dossier. Je tends mon cul et implore, tout à fait consciente de mon effet :
– Viens !
Il ne prend pas la peine de retirer mon string et s’enfonce dans mon sexe humide d’une seule poussée. Je ferme les yeux. Autour de nous, les commentaires graveleux continuent de pleuvoir :
« Elle aime ça, cette grosse pute ! »
Mon hypothèse : le patron vit dans un DVD.
« Tu la pilonnes bien, Garçon ! »
Je confirme, Garçon ! Encore !
« Qu’est-ce qu’elle a l’air bonne cette truie ! »
Groin. Groin.
J’explose de rire au moment où il jouit. Je ne sais pas comment il a fait. Impossible pour moi de garder mon sérieux plus longtemps. Fort heureusement, quand je croise son regard, je constate qu’il rit autant que moi.
Le spectacle est fini. Les deux hommes remontent dans la boutique.
En passant le rideau pour sortir, je pourrais me dire que cet étrange intermède érotique n’a pas vraiment eu lieu. Seul le sperme qui coule le long de mes cuisses me confirme que je viens de me faire baiser comme une pornstar des années 90…
Back to the 90´s
De Miss Kat

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Bonjour on a adoré vos récits. Vous pourrez retrouver votre site dans un article sur les meilleurs blogs de récits érotiques : https://lepoulpecalin.com/les-6-meilleurs-blogs-dhistoires-erotiques/
Bonne continuation
Une bien belle histoire…
Très beau texte érotique. Tout me plaît. Très bien écrit. La fille est très docile. Elles semble aimer sucer les mecs. L’ambiance de cette époque que j’ai bien connue est parfaitement reconstituée. Un grand Bravo. Dommage que ce soit si court!