Devant la porte de l’atelier de l’artiste, elle se demandait encore pourquoi elle avait accepté son invitation.
Une soirée de juin, ils avaient longuement discuté. C’était un de ces moments agréables durant lesquels on oublie son quotidien, un verre de vin blanc frais à la main. Après un début de conversation polie, il l’avait complimentée sur son physique: elle avait « une plastique harmonieuse », selon lui.
On ne saurait trouver formule moins heureuse. Mais elle avait sourit. Un point pour l’originalité.
– Vous êtes peintre ?
– Sculpteur, avait-il répondu en l’englobant d’un regard tellement intense qu’il l’avait fait rougir.
Lorsqu’il avait repris la parole, il avait disserté sur son art. Cependant, elle savait lire entre les lignes : il évoquait ses proportions sculpturales en détaillant ses courbes, il envisageait ses formes en lorgnant sur sa croupe. Elle avait laissé faire. Mieux, elle l’avait encouragée en lui demandant avec quels matériaux il travaillait :
– J’aime la terre, la sensualité de l’argile sous mes doigts.
Le déclic avait dû avoir lieu à ce moment là. Il lui avait servi un autre verre et elle s’était imaginée prendre corps entre ses mains. L’alcool aidant, alanguie comme la matière qu’on chauffe avant de la malmener, elle avait accepté de passer à son atelier.
A présent, dégrisée, elle envisageait de faire demi tour. Avait-t-elle vraiment envie de rester seule avec un inconnu ? Peut-être pas. Mais elle voulait voir ses œuvres. Même si elle devait bien admettre qu’elle avait oublié le contenu de la discussion. Elle se souvenait juste, dans le fond d’une bouteille s’être dit qu’elle pourrait devenir son égérie.
Dès son entrée dans l’atelier, elle fut happée par un joyeux désordre. Les murs étaient couverts de dessins de nus féminins réalisés au fusain, mais ce n’est pas ce qui retint son attention. Sur les étagères, la table basse et à même le sol, un élément prédominait : des phallus en érection.
L’artiste lui avait-il dit que le sexe masculin était son sujet de prédilection ? Sans doute pas. Autour d’elle une bonne centaine de membres dressés, de toutes tailles. Elle n’en avait jamais vu autant. Elle ne put réprimer un fou rire nerveux, tandis qu’il lui offrait un café.
Puis, la curiosité l’emporta. Elle voulait les toucher, sentir les formes, expérimenter les matières, soupeser chaque statuette, et laisser s’incarner au creux de sa paume ces queues déjà bandées. Elle fut surprise par la froideur lisse de la terre cuite ou le granité de la pierre, qui pourtant n’ôtaient rien au réalisme.
Une flamme grandissait au creux de son ventre tandis qu’elle soupesait les différents olisbos. Sans y prendre garde, elle entama un léger mouvement de va et vient sur l’un d’eux, imaginant un être de chair dont elle s’amuserait à stimuler le désir. Elle se demanda une seconde trop tard si l’artiste avait perçu son trouble. Son regard amusé lui donna la réponse. Il savait. Tout : le picotement sur sa nuque, sa gorge soudain sèche et l’humidité de sa petite culotte. Il voyait naître cette envie de moins en moins contrôlable de se sentir prise, d’être possédée par un sexe d’homme. Tandis qu’il l’observait, elle n’osa plus bouger de peur de se trahir encore.
Il posa une main sur sa cuisse et remonta lentement :
– Je peux ?
Elle déglutit en lui fit signe de continuer.
Avec mille précautions, il lui retira sa robe et fit descendre sa lingerie à mi cuisses. Elle était en transe : d’elle-même, sans savoir ce qui l’attendait, elle écarta les jambes et approcha ses fesses du bord du canapé. Délicatement, Il écarta les lèvres d’où perlait déjà une longue attente et lui prit le phallus factice des mains. Un frémissement lui échappa tandis qu’elle imaginait le pieu fiché en elle. Mais l’homme le recouvrit d’abord d’un préservatif et d’une bonne dose de lubrifiant. Elle restait assez lucide pour noter qu’il n’avait pas eu à se lever pour trouver ce dont il avait besoin. Mais peu lui importait qu’elle fut la millième modèle à passer dans l’atelier. Elle ne quittait plus le gode des yeux. Lorsqu’il la toucha elle fut d’abord saisie par le froid du gel, sensation très vite remplacée par une chaleur qui lui coupa le souffle. Elle releva la tête et il la remplit d’une seule poussée, au moment où il capta son regard. Malgré la taille imposante du modèle, son sexe le happa jusqu’à presque l’engloutir. L’homme s’immobilisa pour qu’elle prenne conscience de son emprise. Puis, très lentement, il commença à bouger l’objet. Elle crut d’abord être insensible à ce traitement, mais comprit rapidement qu’il n’en était rien. Il accélérait et diminuait le rythme selon ses caprices, sans prendre en compte son désir à elle. Le plaisir la submergeait par vague, la nouvelle la laissant chaque fois un peu plus pantelante que la précédente. Il alternait les mouvements, amples ou saccadés et peut-être changea-t-il de modèle, elle n’aurait su le dire. Elle ne le regardait plus, tant elle était concentrée sur elle-même et sur ce plaisir si différent des autres : une jouissance de terre. Un amant sans corps et pourtant bien présent entre ses cuisses.
Enfin, elle sût qu’elle allait jouir. C’était là, tout de suite. Ce n’était plus qu’une question de secondes… Il retira le gode, la laissant vide. Elle ouvrit des yeux égarés.
– Dis moi de quoi tu as envie, lui demanda-t-il d’une voix douce.
Prise de court, elle le regardait sans comprendre.
Pourquoi voulait-il qu’elle parle ? Elle voulait qu’il la baise bien sûr ! Elle ne désirait rien d’autre.
Pourtant, elle était trop à cran pour formuler une idée. Elle ne trouvait plus ses mots.
– Tu ne veux pas, ou tu ne peux pas me le dire ?
Trop de pensées se télescopaient dans sa tête. Elle était assaillie. Il en était conscient et s’en amusait. La malice brillait dans les yeux de l’artiste.
– En ce cas, poursuivit-il, je vais t’expliquer ce dont moi, j’ai envie. Tu vois ces dessins ?, demanda-t-il en levant les yeux. Ce sont les corps de toutes les timides, celles qui comme toi, n’ont pas osé me dire qu’elles voulaient encore sentir une queue en elles. Toutes, je les ai faites grimper au mur, déclara-t-il en souriant. Maintenant, j’aimerais que tu te retournes, que tu te mettes à genoux et que tu ne bouges plus, avant que j’ai fini. Ensuite, et seulement ensuite, je te prendrais si tu en as toujours envie.
Elle ne réfléchit même pas une seconde : sa culotte calée sous les fesses, elle se plaça à genoux, dos à l’artiste et prit la pose.
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